10 mois à Stockholm - Petites victoires et galères ordinaires

Je suis arrivée à Stockholm le 31 août 2015 pour être exacte. Début novembre, j'ai trouvé un job dans une entreprise plutôt cool et j'y travaille toujours aujourd'hui. Le poste en lui-même ne correspond ni à ce que je cherchais, ni à mon niveau d'études, mais c'était important pour moi de mettre un pied dans le monde du travail rapidement, quitte à revoir mes exigences à la baisse. Et je ne le regrette pas, car j'ai rencontré des personnes géniales à travers ce job, qui sont maintenant devenues des amies.

Mais la vérité, c'est que je ressens cette pression en permanence pour trouver un poste "à la hauteur". Cette pression, je me la mets toute seule, j'en ai bien conscience, car concrètement je n'ai aucune difficulté matérielle ici. Mais c'est difficile pour moi d'accepter de vivre dans ce confort tout en sachant que ce n'est pas à moi-même que je le dois. Et puis avouons-le, c'est aussi un coup porté à mon égo de me retrouver soudainement avec un job que j'aurais pu faire quand j'avais 20 ans. La vérité, c'est que trouver mieux s'avère plus compliqué que prévu, malgré toute l'énergie déployée en ce sens depuis des mois. Parfois, je craque. Un peu. Mais si je regarde autour de moi, je me rends bien compte que le problème ne vient pas de moi, que ce n'est pas moi qui suis plus nulle que les autres car il y a énormément d'étrangers diplômés dans le même cas. Au final, bien que tout le monde parle un anglais courant ici, la maîtrise du suédois est nécessaire pour pas mal de postes dans mon domaine, ce qui complique considérablement mes démarches. 

Stockholm by "night" (la nuit est toute relative ici au mois de juin)
La maîtrise du suédois, parlons-en! J'ai pris des cours intensifs de début octobre à fin avril, à raison de 3h30 de cours par jour, cinq jours sur sept. C'était plutôt rude car il m'a fallu combiner cela avec des horaires de travail bizarres pendant plusieurs mois, ce qui donnait des journées du type 8h30-20h, tous les jours, avec souvent du travail le week-end également. Mais ça a plutôt bien payé, car maintenant je comprends à peu près ce qu'il se passe autour de moi. Je sais de quoi discutent les deux blondes assises en face de moi dans le métro. Je ne reviens plus du supermarché avec des flocons d'avoine au lieu de la farine pour cause d'erreur d'interprétation de l'étiquette. Je peux régler moi-même la plupart de mes galères administratives. J'envoie des SMS en suédois à mon copain, sans trop faire saigner ses yeux avec mes fautes. Et je peux lire le journal! J'avoue que je suis plutôt fière. A Prague, après un an et demi de cours de tchèque, j'aurais été bien incapable de lire le journal, croyez-moi. Mais je ne parle pas encore un suédois parfait, LOIN de là, alors au final tout prend du temps, beaucoup de temps.

Je m'efforce aussi d'entretenir mes amitiés d'avant, tout en développant mon cercle d'amis ici. Je ne sais pas si c'est moi qui ai un problème à ce niveau, mais ça me demande énormément de temps et d'énergie d'essayer d'entretenir le contact avec tout le monde. Je n'aime pas trop envoyer un "Coucou ça va?" à la va-vite sur Facebook si je sais que je n'ai pas de temps à consacrer à une vraie discussion derrière. Du  coup, je culpabilise souvent car j'ai du mal à suivre tout le monde, entre les amis d'enfance, les amis de la fac, les amis de Prague, sans compter la famille, évidemment. Et parfois, on me le reproche et ça me rend triste, car s'ils savaient comme je pense à eux... Et puis il faut aussi consolider les amitiés naissantes d'ici, encore fragiles, et ça aussi, c'est un investissement en termes de temps et d'énergie. Heureusement, je me rends compte avec soulagement qu'avec mes vrais amis, même après des mois de silence radio, c'est finalement toujours comme si on s'était quittés la veille, et pour ça, je les remercie. Il n'empêche que dans un mois, je serai à Paris pour quelques jours, et même si j'en suis très heureuse, j'ai cette boule au ventre, car j'ai peur de ne pas trouver assez de temps à consacrer à tout le monde. Au final, j'ai souvent l'impression de devoir mener deux vies en parallèle. Celle que j'ai laissée, et celle que j'ai choisie. Celle de chez moi, et celle d'ici. 







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